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Mon petit théâtre ...
29 octobre 2007

Festival de Tours ...

Comment s'est passé la représentation (la dernière) des Muses au Festival National Amateur de Tours ?

Ma foi ... l'aventure dans sa globalité était insolite, complêtement improbable : nous sommes partis Samedi matin, de Paris, en voiture louée (quand je dis voiture, je pense : van) grâce aux bons soins de la mère de Ju, qui travaille chez Hertz. Donc de Montparnasse, on a embarqué dans cet espèce de mini-bus tout confort (j'exagère si peu), à 6 (Paulette, Ju, Nath, Alice, Anne-So venue nous filer un coup de main, et moi). On avait tellement de place dans cette fourgonnette de luxe qu'on a appelé Steph pour savoir si elle voulait fait partie de l'équipe. Elle a répondu présente et nous a rejoins Gard du Nord où l'on est passé prendre le décor chez Paulette. Bref, de là, une fois les premiers fou-rires passés, on a démarré direction Tours, bien au chaud dans notre Espace. Paulette et Nath se sont relayées au volant. Pause sur aire d'autoroute, achat de sandwiches dégeulasses pour certains, patience pour Alice et moi dans l'espoir de trouver mieux une fois arrivés sur place. Après 3 heures de route relativement bien guidées par mappy, nous arrivons (suite à une belle plantade quand à l'adresse (l'espace Malraux se trouvait à Joué-les-Tours et non à Tours ...)) et découvrons les lieux : salle immense, plafond vertigineux, rangées de sièges interminables, accoustique ... de merde, mais quel plateau ! jouer là doit être fabuleux. On est tout excités. On se sert dans les bras, on s'embrasse, on glousse comme des gamins. Putain ça va faire du bien. Des régisseurs sont là pour nous aider (pas comme à Maisons-Laffitte où c'était démerdezz), on va pouvoir s'éclater. On a une loge personnelle, avec miroirs et petites ampoules autour, comme les stars, pendrions pour ... pendre nos costumes, ... douche !! C'est plutôt bien parti. Seul soucis c'est qu'une troupe occupera la scène avant pour jouer sa pièce, de 17h à 19h. Nous jouons à 21h. Ca devrait aller si nous avons 2 bonnes heures pour préparer la salle. Seulement nous n'avons pas accès aux loges pendant la représentation. On nous propose l'auditorium, pour faire des italiennes, s'échauffer, se reposer. Certaines font un somme (Alice, Nath) l'une planquée derrière un rideau les oreilles bouchées pour s'isoler des élucubrations des autres. L'heure tourne. Il est déjà 19h30 quand les aplaudissements éclatent dans la salle. Ca y est, on va pouvoir se mettre en costume, arpenter le plateau à notre aise, prendre nos repères, gaffer la table de cantine qu'on nous propose pour décor, installer les projo, suspendre la toile en fond de scène. Mon dieu que le plateau est grand. Je ne sais pas combien de mêtres il fait, mais on s'y perd. Lorsqu'on récite notre texte, on nous entend à peine. On fait des essais-voix, il faut sur-articuler, parler lentement et porter comme jamais on n'a du le faire jusqu'alors. C'est bien ma veine, moi qui boule tjs mon texte comme une novice, et qui parle fort les 3 premières minutes de spectacle. Un des régisseurs nous met à l'essai et s'installe haut sur les gradins pour nous écouter. On récite quelques passages. Il revient. Verdict. Je suis celle dont la voix porte le moins. Il va falloir que j'envoie plus que les autres, que je fasse très attention, parce que si on ne m'entend pas ... petite pression. L'heure tourne. Les projecteurs sont enfin en place, on finit de gaffer les pieds de l'orgue, on installe le pendrion, le téléphone. La bache est tendue, au fond de la scène. Tout l'espace sera utilisé pour jouer : c'est bcp trop grand pour une pièce aussi intimiste. Mais c'est comme ça. Pas le choix. Le temps de traverser le plateau est multiplié par 2 comparé à Florent. Côté régie, Steph s'occupera du son. Anne-So aidera Paulette à la lumière, puis s'occupera du polystyrène en coulisse au moment où Martine pête un cable. Il est 21h, on est tjs pas prêt. C'est seulement à 21h30 qu'ils font entrer le public. Les gens s'installent, la lumière baisse. Je fais mon entrée sur ce plateau immense, seule, comme toujours, dans le noir. Je me hisse sur l'orgue, attrappe la cigarette posée dans le cendrier, le briquet. Ca y est. Le spectacle va commencer. Mon coeur à l'intérieur bat la chamade, il cogne comme un acharné, est-ce que les 3 autres l'entendent à quelques mêtres, en coulisse ? J'allume le briquet, la flamme surgit, je sens sur moi monter la lumière du projecteur puis la musique démarre "J'ai pour toi un lac, quelque part au monde, un grand lac tout bleu ..." Le spectacle est lancé. Jeu de cigarette (je pense à tout ce monde qui me scrute dans les gradins, alors que je devrais penser à Luc, à la savane, au village qui va nous juger, encore et encore ...), je fais mine d'éteindre la cigarette sous le piano, je m'avance à petits pas vers la valise, jeu de foulards, (mon dieu, faite que ça ne glisse pas de mes doigts, fait qu'on ne voit pas trop mes tremblements), puis "3 foulards, 3 foulards rouges, 2 blouses à motif ..." (pense à élargir, à porter ta voix, articule ma vieille sinon on t'entendra pas) Entrée d'Isabelle "J'ai ton jambon !" - Catherine "La porte ! blablabla ..." toujours ces mots qui résonnent si vides en moi. Surtout ce soir où je ne pense qu'à une seule chose : porter et articuler. A "promener de grosse sommes comme ça dans ce marécage désolé c'est imprudent" Isabelle se plante dans son texte, mais c'est pas grave, ça va avec son personnage. Je nous regarde nous dépêtrer. Ca me le refait. Je suis en dehors de mon corps et je me regarde jouer. Aurore est dans la salle. Elle va voir ce désastre. C'est la première fois qu'elle me voit jouer, et elle va voir une Caroline qui caricature un personnage qu'elle ne maitrise pas, qui porte la voix mais qui joue faux ... j'ai honte. Mais il faut continuer. Jusqu'à l'entrée de Luc. Après ça ira mieux. Après nous serons 3. Après il y aura son long monologue, je pourrai lâcher prise, ma décontracter, et revenir à la pièce, à Catherine, à Isabelle ... Finalement toute la pièce sera en dents de scie. Avec de beaux moments (une Martine plus touchante que jamais) et des cafouillages. Mais ce n'est pas une bonne pour moi, car j'ai tjs en arrière pensée le fait qu'il faut qu'on nous entende. Je crois qu'à ce niveau là, au moins, le texte sera passé. Les émotions moins. C'est ce que nous reprochera un des membres du jury à la fin du spectacle, dans les coulisses. Mais il a bcp aimé et trouve que ce n'est absolument pas d'un niveau amateur (ouf). Aux applaudissements ont est rappelés 2 fois. Ce qui n'est pas mal pour ce festival nous dira-t-on plus tard. Après la représentation on se dépêche de tout ranger, d'aspirer le polystyrène sur scène, de vider la loge. Les filles nous aident, merci à elles. Puis on sort dans le hall, je vois Aurore avec Sylain assis un peu plus loin, en train d'écouter un gars qui gesticule devant un micro sur une petite estrade. Elle n'ose pas me rejoindre car cela serait impoli pour l'artiste - elle a raison. D'autres personnes nous félicitent, on nous dit "merci", on nous prépare des sandwiches au bar, ça fait un bien fou de se rassasier, il est déjà tard. Aurore peut enfin se libérer. Première phrase lorsqu'on se retrouve : "T'étais belle !" Je m'en doutais. Je la connais. C'est ce que je dis quand je ne sais pas quoi dire d'autre. Compliment détourné pour ne pas parler du jeu de comédien. Bizarrement je m'y attendais. A ce qu'elle soit déçue. Mais peu importe. C'est cela, être comédienne. Accepter de se mettre à nue et de ne pas être à la hauteur des espérances des copines. D'autres ont aimé. Ont salué notre travail, le mien. Elle rentrera finalement avant nous, et viendra chercher les clés de mon appart' (ils dorment sur Paris, chez moi) pendant qu'on grignotera autour de la table ac les autres. Ce n'est que le lendemain matin qu'on en discutera plus longuement toutes les 2 (et que mon impression se confirmera). Nous, nous restons encore un peu, devoir oblige, pour voir le jury, puis les étudiants, puis enfin nous pourrons partir. Une dame nous attrape le bras à Alice et à moi, les yeux embués, pour nous dire "merci" et nous embrasser. Finalement nous repartons direction Paris vers minuit et demi. Pendant tout le trajet je ne parviendrai pas à fermer l'oeil, malgré le chauffage qui assome tout le monde. Julien passe au volant. Il ne conduit jamais de nuit. C'est à mourrir de rire. Alice est le co-pilote, elle le rassure, le conseille calmement. Qu'est-ce qu'on rigole. Nous arriverons sur la capitale vers 3h30 environ, claqués. Le temps de passer chez Paulette pour décharger le décor, Alex fait un convoi rue de Saussure. Aurore et Sylvain sont déjà au lit mais ne dorment pas. Après qlqs blagues noctures échangées, je vais me coucher sans demander mon reste.

Le lendemain matin petit déj vers 11h (j'ai du fermer l'oeil 3 heures à tout casser) avec Aurore (c'est bon de l'avoir à l'appart' ...). Sylvain va nous chercher du pain pendant que le café coule. On discute de la pièce, elle me dit qu'elle a trouvé Nath extraordinaire (tiens donc ?) et Alice très bonne également. Elle a moins aimé Julien. De moi on ne parle pas. Mais comme c'est bizarre. Je me blinde tellement avec le temps. Cela glisse sur moi. C'est comme ça. Elle a le droit de ne rien dire. Le droit de ne pas m'avoir trouvé "formidable" puisque je ne l'étais pas. A moi d'assumer, d'accepter cela. Ca fait partie du jeu. On est sur scène, on prend le risque d'être jugé, il faut accepter ce regard intraitable sur soi. Surtout celui de qlq'1 qui nous connaît.

De cette expérience donc : bonnes et moins bonnes choses. Fous rires. Excitation. Fatigue. Déception. Soulagement.

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